Captain America, la naissance du héros et l'univers Mavel en expansion

Publié le par acariatre

La naissance du super-héros comme climax

Les films de super héros se succèdent et se focalisent surtout sur la phase de révélation du héros. Le moment tant attendu où l'homme se découvre plus beau, plus grand, plus fort que cela soit du à une aberration génétique ou à quelques pièces de tissu savamment disposées. On comprend assez bien l'attractivité de cette étape charnière puisqu'elle concentre en vue subjective toute la mythologie des supers héros aux supers pouvoirs : plus tout à fait humains, déconnectés du poids des réalités, investis d'une mission sacrée de lutte contre le mal.

Cet attrait pour la naissance du super héros est si prononcé qu'Hollywood s'autorise à les revisiter plusieurs fois pour un même personnage. Qu'après une ou deux dizaines d'années, on tente de dépoussiérer et faire découvrir un personnage en remontant à la source est compréhensible (Superman, Batman). Mais il s'agit désormais de « rebooter » la franchise tous les 5 ans ou moins (Hulk, le Spiderman à venir), quitte à exposer les mêmes enjeux narratifs au même public.

Par ailleurs, le filon des super-héros étant intarissable, les personnages mis en scène sont de moins en moins connus du grand public (du moins européen). Pour ce dernier, l'acte de naissance du super héros est d'autant plus fondateur et central pour attirer les faveurs et la complicité du public.

Captain America, le film, fait ainsi de la révélation du héros son point de mire. Pris seul, le film en souffre. La première partie du film prend son temps pour introduire / exposer son héros pas encore révélé en « super ». Steven Rogers (Captain America avant sa métamorphose) nous est présenté avec détails. La fêlure,poussée à l'extrême, entre son statut d'homme malingre et ses aspirations de soldat sans faille attirent la sympathie et facilitent l'identification du public. Son courage inversement proportionnel à ses capacités physiques laisse transparaître le surhomme qu'il pourrait devenir si on lui offrait ce qui lui manque encore.

Puis vient le fameux climax du film. Son courage finissant par payer, son géniteur l'identifie (« l'élit ») et opère sa transformation. C'est la « tant attendue » naissance du super héros avec tout l'attirail symbolique qu"elle emporte. Le spectateur retient son souffle alors que le nouveau Steve apparait.

Un super-héros définitivement lisse

Malheureusement pour le film, le super héros une fois révélé à nous et à lui même s'avère beaucoup moins intéressant que sous sa forme précédente. En effet, désormais nanti de ce la musculature et de l'invincibilité qui lui manquait, il est lisse de trop de perfection. Pas de démons intérieurs qui font d'habitude tout le sel des supers héros (la vengeance, la brutalité, l'alcoolisme ou l'orgueil). Pas d'identité secrète à préserver (Kent, Wayne). Pas d'entourage à protéger ou presque ; l'ami de toujours apparaît par exemple comme un ressort tardif et vite expédié.

En l'absence de conflit intérieur, on peut cependant trouver des sources externes du déséquilibre nécessaire à la narration. La deuxième partie du film montre avec humour la récupération du super héros en objet de propagande et de merchandising (cela d'ailleurs sans susciter réellement à l'écran une tentative de rébellion de la part du héros définitivement trop lisse). Ce chapitre est une façon de démonter à l'avance les poussées de patriotisme que ne va pas manquer d'incarner un héros affublé d'un nom tel que « Captain America » ! Une façon aussi de brosser un portrait critique d'une Amérique qui veut transformer la guerre en spectacle rentable. Voilà pour les démons de l'Amérique même si bien entendu, à la fin, c'est bien elle et elle seule qui sauvera le monde. Le personnage de Peggy Carter, moins directement lisible, parvient également à se détacher et à incarner une posture plus fouillée, à la fois séduite en surface et déçue en profondeur par le nouveau Superman partisan.

Reste enfin le rôle de super vilain qui peut faire beaucoup pour compléter ou rattraper un héros trop palot. Red Skull n'y parvient pourtant pas ici, trop enfermé dans sa propre soif de domination du monde pour construire un rapport intéressant avec le Captain. Pas de jalousie de l'expérience ratée envers l'apothéose, pas de pitié à contre-sens. L'un et l'autre se réduisant au rôle mutuel d'obstacle physique.

En matière de ressort à captiver, restent les artifices de narration. Mais ici les scènes anticipées ne suffisent pas à créer un suspense supplémentaire suffisant. On pense ici à la scène d'introduction qui commence par affirmer - ô artifice suprême - la mort du héros avant sa naissance à l'écran et l'inexplicable scène de la cueillette aux champignons (d'ailleurs toute tentative d'explications sur les fondement de cette scène est la bienvenue) .

Un univers Marvel en auto-justification

Finalement, si le film, une fois passée la partie d'exposition, permet tout de même de passer un moment plaisant, c'est en partie grâce au décor de ses années 40 peu souvent décrites dans les films de de super héros.

Mais surtout le film tient debout parce qu'il intègre et s'intègre dans l'écriture d'un univers Marvel beaucoup plus vaste. Les indices disséminés ça et là, et sur lequel le film à le mérite de ne jamais appuyer, construisent une réalité parallèle acceptable puisque naturellement amenée. Citons Horward Stark, fondateur de Stark Enterprises et père d'Iron Man, l'Adamantium du bouclier du capitaine, les prémisses du SHIELD (même si Nick Fury / Samuel Lee Jackson, qui a pourtant signé pour 9 films Marvel -!-, n'est pas de celui là), le cube cosmique perdu par Odin. Si ces ingrédients ne sont pas tous destinés à être identifiés par le grand public, ils distillent un univers vaste et cohérent qui doit attendre son point d'orgue avec le mêlé The Avengers (sortie prévue en 2012) qui regroupera entre autres Thor, Iron Man, Hulk et Captain America.

Pour s'en convaincre, il suffit de lire le titre de ce film qui minimise son propre héros « Captain America », pour n'en faire que le premier des membres de la future équipe des Vengeurs, « the first avenger ». Les crossovers et les guests étaient déjà un objet de plaisir et de complicité pour les fans de comics, le voici savamment reconstruit pour une cible plus vaste, au cinéma. Avec le double avantage de pendre le spectateur dans sa toile et d'intégrer tous les films, même les plus faibles, dans une trame plus intéressante à chaque nouvel opus.

Publié dans A débattre

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B
<br /> Capitan America very amazing and interesting film, when will be continue?<br /> <br /> <br />
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