A débattre. Burn After Reading, la liaison de trop ?

Publié le par acariatre

Et si les frères Coen avaient utilisé un ressort scénaristique de trop, trahissant ainsi le genre ?

StudioCanal
La chorale des mauvais garçons, un genre en soi

Il existe une catégorie de films qui empreinte à la fois aux films "chorale" et aux films de gangster. Les accessoires en sont :

- une ribambelle de personnages hauts en couleurs ;
- un objet central à l'intrigue qui concentre toutes les (sombres) motivations ;
- des quiproquos sur quiproquos jusqu'au chaos final ;

Un sous-genre en soi, peut-être initié avec Pulp Fiction, largement taquiné par Guy Ritchie (Snatch, Arnaques, Crimes et Botaniques, Rock'n'Rolla) mais aussi fréquenté par les frères Coen (le cultissime The Big Lebowski et leur petit dernier qui nous intéresse ici : Burn After Reading).

L'attrait scénaristique de ce genre de films tient essentiellement à deux choses : les personnages et les enchainements irrémédiables d'actions qui contribuent tous à dégénérer la situation globale.

Ce cinéma place le spectateur dans une position privilégiée. Le scénario expose les motivations individuelles et les compréhensions forcément partielles de chacun des personnages. Chacune des actions entreprises par les personnages vient prendre sa place dans le sxhéma global. Mais seul le spectateur voit se tramer l'intrigue et anticipe les confrontations.

L'exemple de Burn After Reading

Burn After Reading joue clairement cette carte. L'objet principal de l'intrigue (les mémoires d'un agent secret mis à pied) réunit autour de lui une galerie de personnages mémorables mûs chacuns par leurs bas instincts mais tous esclaves d'un fil conducteur qui les dépasse.

Le schéma qui réunit les personnages principaux et leurs connexions entre eux ressemblerait à celui-ci :

Le CD de données contenant les mémoires passe de mains en mains de la gauche vers la droite (la partie verte du graphe).

La liaison fatale

A ce schéma directeur, les frères Coen ont estimé nécessaire d'y ajouter tardivement une connexion supplémentaire : les personnages joués par George Clooney et Tilda Swinton fréquentent ainsi le même site de rencontres et entament une liaison (partie bleue du graphe).

Cet ajout, au milieu du film, d'une donnée supplémentaire dans la trame des connexions et des motivations me semble de trop. Elle alourdit le schéma. Surtout, l'introduction de cette liaison détourne implicitement le contrat de départ de ce genre de film. Le spectateur se retrouve relégué au rang de simple spectateur et perd la vision globale, puisque le réalisateur se garde le droit d'intégrer artificiellement de nouvelles données.

A son avantage, cette liaison permet, tout de même, de creuser ces deux personnages et leurs motivations (mais n'auraient-elles pas pu l'être autrement ?). Elle entraine malheureusement une dernière scène de paranoïa de George Clonney qui, à mes yeux, fait tomber le film dans la facilité. Dommage...



Publié dans A débattre

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S
DLufIQjZnOZsgGnGInfromtaion is power and now I'm a !@#$ing dictator.
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L
merci vincent et MG, <br /> <br /> foutraque oui, même un peu trop sur la fin et ça diminue un peu son efficacité, c'est ce que j'essayais d'expliquer !
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M
lol ! <br /> Bien vu le schéma, c'est vrai que ce film est un gros foutrac' et c'est sûrement pour ça qu'il est aussi fun !<br /> <br /> Toujours aussi bien ton blog !
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V
Il manque des flèches, Harry tue Chad, Osbourne pète le nez de Chad, Linda fait équipe avec avec Chad, et tant d'autres, mais ça aurait fait fouilli. Un peu comme le film, quoi. Et c'est ce qui fait son charme.<br /> Excellent blog que je découvre !
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