Retour sur Demineurs, film à propos mais à propos de quoi ? film engagé ?

Publié le par acariatre

SND

Un film de guerre mais pas que..

Démineurs nous arrive précédé d'échos laudateurs. L'affiche publicitaire ne tarit pas d'éloges et reprend même le « proche de la perfection ! » du Time.

L'image nous montre un soldat-cosmonaute échappant de peu à une explosion, on croit au film de guerre mâtiné d'actions. Le sous-titre du film « War is drug » dément pourtant le film sans questionnement. Le nom de la réalisatrice résonne : Kathryn Bigelow, celle qui fait des films plus virils et plus intelligents que les réalisateurs mâles. Le film est nominé aux festivals du film à Venise, à Toronto. On croit au pamphlet antimilitariste.

En définitive, on ne sait plus que croire...


Place à l'action

SND

Démineurs vit avant tout par ses scènes d'opérations militaires. Les sorties dans Bagdad pour démanteler les pièges explosifs (spécialité locale apparemment répandue). Kathryn Bigelow aligne ces nombreuses scènes tout au long du film. Sèches, nerveuses, poussiéreuses, elles représentent 80% du temps disponible à l'écran. Elles parviennent pourtant à tenir en haleine, car quoi de plus propre au suspense que l'explosion potentiellement imminente d'un engin piégé (un suspense en réalité bien plus prenant que les comptes-à-rebours lumineux des action-movies irréalistes).

Corps d'armée

Autre élément qui ancre le film dans une sécheresse de ton : la mise en avant de trois uniques personnages, partenaires de danger. Trois caractères bien trempés soit le casse-cou, le sérieux et le paumé. Chacun incarnant une approche possible de la guerre pour un troufion : un jeu, un travail ou un calvaire.

Et mon propos ?

Jeremy Renner. SND

Mais en plus de cette immersion prenante dans le quotidien de ces démineurs, la réalisatrice tente d'installer une prise de recul. Les moyens :

  • Une citation en exergue pour démarrer le film et comme pour mieux démentir l'adrénaline à venir au profit de la réflexion ;
  • Des scènes de héros en crise (avec psychologie martiale et regard dans le lointain) ;
  • Et surtout une dernière séquence de retour au pays pour mieux montrer l'inadaptation militaire au monde réel (et aux céréales) ;

Propos ou caution ?

Mais ces séquences sonnent comme des ajouts de dernière minute. Les scènes d'action seules montrent en réalité un soldat casse-cou mais virtuose que le cinéma aurait vite fait de nous présenter comme un héros. La réalisatrice sape alors le plaisir de l'action par une alarme : spectateurs, nous ne voyons pas un héros mais un inadapté tel que la guerre en produit !

Pourtant, à relire le scénario, on s'interroge. L'inconscience du chef d'équipe n'aura finalement entrainé que la jambe amochée et le retour au pays d'un soldat qui ne demandait que ça. Tandis que seule sa bravoure aura permis de désamorcé les centaines d'engins piégés disséminés dans Bagdad ou autres terrains de jeu des forces américaines. Est-ce là une vraie critique du jeu militaire à la sauce cow-boy ?

Moteur, action !

SND

Le propos martelé de Démineurs alourdit le film. Il ajoute une couche qui passe pour naïve à des scènes d'action qui se suffisaient à elles-même. Sans les séquences de recul, on tenait là un film sec. Et le spectateur, pas si sot qu'on veut le croire, aurait tremblé avec ces têtes-brulées sans pour autant y voir des héros modernes qu'on rêverait de remplacer...

Alors Démineurs, deux films en un ? Un premier d'1h45 dur, nerveux, immergé dans le quotidien explosif de trois soldats en Irak et un deuxième, film anti-propagandiste de 15 minutes, tarte-à-la-crème. Concentrons nous sur le premier et oublions le deuxième, n'est ce pas ?



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F
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H
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L
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Y
Est-ce là une vraie critique du jeu militaire à la sauce cow-boy ?
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Y
Est-ce là une vraie critique du jeu militaire à la sauce cow-boy ?
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