A voir ? Rapt, film enlevé

Publié le par acariatre

Diaphana FilmsLa bande annonce peut laisser croire à tort à un basique film à suspense. Certes, du suspense il y en a mais plus intérieur et psychologique que lié à l'action. Lucas Belvaux, le réalisateur, aime jouer avec les genres. Il décortique ici un fait-divers sordide des années 70 pour mieux interroger les limites humaines du drame : la peur, la perte de confiance, la solitude. Autant de failles qui se révèlent pendant la tragédie et restent béantes après le drame. Le rapt ne constitue donc que la première partie du film, le retour à la liberté ne signifiant pas le retour à la normale.

Ce drame, intime à l'homme et à son cercle de proches, est finement esquissé. Yvan Attal parvient à camper énergiquement ce personnage ambigu, à la fois fort et fragile, arrogant et méprisé. Un rôle que l'acteur semble avoir pris très à corps et à cœur comme il l'indiquait dans l'avant-première à laquelle j'ai pu assister.

Les seconds rôle forts (la femme Anne Consigny, le bras droit André Marcon) trouvent naturellement leur place dans ce décor faussement feutré, éclaboussé de l'extérieur et disputé de l'intérieur. La foule des rôles de figuration (flics, ravisseurs, conseil d'administration) est parfois moins convaincante. Le film pèche aussi un peu aux coutures, maladroitement raide d'être engoncé dans un costume trop étroit. Les rebondissements propres aux films de rapt (rançons, filatures) éloignent une ou deux fois du vrai sujet et rendent le film trop long de quelques minutes. Mais ces défauts ne parviennent pas à effacer l'originalité du film et son traitement ciselé.

Lucas Belvaux, épaulé par un Yvan Attal très impliqué, signe l'imposant portrait d'un homme qu'on accuse et qu'on plaint. Il nous montre l'envers du drame ou la solitude de l'homme qui retrouve les siens. Pour ce sujet rare, loin du mélodrame ou du simple suspense policier, Rapt vaut de se laisser embarquer.

A voir absolument si
- Yvan Attal en Serpico christique, ça vous intrigue ;
- vous ne jurez que par le costume 3 pièces ;

A éviter sans-doute si
- vous avez des dettes de poker ;
- vous êtes pianiste ou guitariste ;



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L
Nikko13, MG : merci pour vos soutiens, j'en aurai bien besoin même si je n'ai pas encore abandonné la partie, rassurez vous !
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M
Et puis Monsieur ne va pas s'en tirer sans nous livrer ces tops de l'année et de la décennie !
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N
Monsieur,<br /> <br /> Nous croyons savoir que depuis le 18/11 (date de votre dernière critique), vous avez eu l'occasion de voir quelques longs métrages, et non des moindres. Votre public vous serait gré de bien vouloir reprendre le chemin du clavier.<br /> <br /> Je vous rappelle que vous avez un rôle à jouer dans la blogosphère allocinéenne. Quand bien même la contribution est perturbée par des problèmes techniques.<br /> <br /> Bien à vous
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